L’épidémie de Covid-19 touche actuellement l’ensemble des pays de la planète. Dans le cadre de leurs relations de partenariat entretenues depuis longtemps avec certains pays, les associations de solidarité internationale se trouvent en première ligne pour réfléchir à un appui pertinent. Mais comment s’y prendre ?
Nous vous proposons ci-dessous quelques points de vigilance issus de nos expériences passées ou en cours avec nos partenaires en Haïti et au Sénégal, ou tirés des expériences d’autres acteurs de solidarité internationale oeuvrant en période de crise.
Et pour aller plus loin tous ensemble, nous vous invitons à un temps d’échange “La solidarité internationale face au covid-19 : Comment apporter une aide pertinente et efficace dans la lutte contre l’épidémie ?”, en visioconférence, le vendredi 15 mai de 15h à 17h.
Pour participer, merci de vous inscrire par mail à romain.ferrut@paysdesavoiesolidaires.org avant le 14 mai. Le lien de connexion à Zoom vous sera envoyé par mail.
Principes de base
1. Soutien
Les ressources les plus importantes dans un contexte de crise sont celles qui sont déjà sur place. Il est donc important, avant tout, de soutenir les actions déployées par les organisations locales :
– institutions sanitaires (hôpitaux, centres de santé, dispensaires, etc.)
– institutions politiques (comités villageois, collectivités, etc.)
– société civile (associations communautaires, initiatives citoyennes, etc.)
Le plus souvent, nul besoin donc de monter une opération de toute pièce, un simple apport financier à une institution organisée et opérationnelle peut-être très efficace pour mener une action, en bonne articulation avec les directives nationales éventuelles.
2. Coordination
La première chose est donc de se renseigner : existe-t-il un plan national ou local de réponse à l’épidémie ? qui est en charge de coordonner les actions ?
Souvent un comité de gestion de crise est mis en place. Dans le cas contraire, il faut se rapprocher des autorités sanitaires et institutionnelles (préfecture, collectivité locale) du territoire concerné. Les enjeux d’une bonne coordination sont :
– éviter de multiplier inutilement des actions similaires
– éviter d’intervenir uniquement sur certains territoires (centres urbains) et d’en laisser d’autres à l’abandon
– se répartir les tâches et bien articuler le travail des différents acteurs mobilisés.
3. Communication
En situation de crise, la confiance entre acteurs et avec la population est essentielle. Il est donc primordial de communiquer régulièrement pour établir et maintenir cette confiance en étant attentif à :
– justifier les choix qui sont faits
– garantir la transparence financière
– éviter la politisation des actions.
Points de vigilance
1. Les supports de sensibilisation
La première étape de la réponse à l’épidémie est l’information de la population sur la nature de la maladie et la sensibilisation aux gestes barrières. Il est donc tentant de doter les partenaires des supports de sensibilisation dont nous avons nous-mêmes été destinataires.
Cependant ils seront souvent inadaptés à la culture et au contexte. De plus, dans une démarche de sensibilisation, une pluralité de messages peut avoir un effet contre-productif et créer de la confusion ou de la défiance.
S’inscrire dans le cadre des stratégies locales amène donc plutôt à se faire le relais des supports et messages qui sont produits par le Ministère de la santé du pays. Le plus souvent, ces documents se trouvent très facilement sur internet, sur le site du Ministère en question.
2. La protection du personnel mobilisé
Lorsque l’on mobilise des personnes sur des actions de sensibilisation ou autres, il est important de veiller à ne pas les exposer elles-mêmes à la contamination et à les faire devenir des vecteurs de propagation du virus. Il est donc primordial de s’assurer que toute personne mobilisée reçoit du matériel de protection individuelle ainsi qu’une formation spécifique.
3. Le positionnement technique
Il faut rester prudent : ce qui est mis en oeuvre en France est rarement une solution à répliquer. Le confinement par exemple est inenvisageable pour une population qui gagne ses ressources au jour le jour. Il ne s’agit pas non plus de s’improviser expert sanitaire si on n’en a pas les compétences. Pour ce qui est des questions techniques, il vaut mieux faire confiance aux professionnels de santé locaux qui sauront mieux comment gérer la situation, au plus près des réalités du contexte.
Par ailleurs les domaines de réponse ne se cantonnent pas au sanitaire et au médical. Des actions solidaires adaptées à l’épidémie peuvent être imaginées dans d’autres domaines. Par exemple, accompagnement des enfants dont les écoles sont fermées, lien aux personnes isolées, soutien alimentaire aux familles les plus pauvres, etc.
4. La continuité du programme
La gestion dans l’urgence avec une charge émotionnelle importante peut faire oublier le sens des priorités. Il est toujours très risqué de stopper toutes les autres activités de développement en cours pour se focaliser uniquement sur la gestion de crise.
Réfléchir avec les partenaires à la façon de réorienter le programme, d’adapter certaines actions, de faire une pause définie dans le temps est tout aussi important et aidera à préparer au mieux la sortie de crise.
Pour aller plus loin
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Fiche de bonnes pratiques de l’Agence des Micro-Projets ici
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Formation en ligne de l’Institut Bioforce ici
Infos et contact : romain.ferrut@paysdesavoiesolidaires.org